it's a dogastrophe!

Se réveiller d’un coma sans aucun souvenir de sa vie d’avant, sans se rappeler quel genre de personne on pouvait être avant ce sommeil imposé était assez terrible. J’avais l’impression d’être un nouveau né perdu au milieu d’un monde que je ne connaissais pas. J’avais perdu tous mes repères, toutes mes habitudes, tous mes liens avec les personnes que je croisais. C’était comme si je débarquais sur une autre planète, presque livré à moi-même. J’avais le soutien de ma famille, de mes amis pour m’aider à retrouver la mémoire. Je ne les reconnais plus pourtant je sais que je peux compter sur eux. Même si je ne reconnais pas leurs visages, même si je ne me souviens plus de leurs prénoms, je sais au fond de moi que ce sont des personnes de confiance. Mais le plus perturbant c’est de savoir qui je suis ? Quel genre de personne je suis ? Suis-je une mauvaise personne ? Ai-je commis des actes non avouables par le passé ? Ai-je fait du mal à quelqu’un ? Ou au contraire étais-je quelqu’un de tout à fait respectable et adorable avec les autres ? Je ne le sais pas et c’est ça le plus perturbant. Perdre son identité. Ma famille a beau m’aider, je sais très bien qu’avec ses proches on est presque irréprochable alors ce n’est pas sur leur jugement que je peux vraiment compter. Il parait que le naturel revient vite. Mais pour le moment, lui aussi m’a abandonné. Il est parti avec mes souvenirs.

Mais d’un autre côté, il faut que je sois optimiste et que je vois les choses sous un angle différent. Si j’ai mal agi par le passé, peut-être que le fait qu’il soit effacé est une chance que je dois saisir ? Peut-être que c’est la possibilité pour moi de repartir à zéro et de pouvoir me reconstruire et repartir sur de bonnes bases ? Peut-être qu’en fait cette amnésie est une bénédiction ? Pour le moment tout est encore assez flou. Et je me perds souvent dans mes pensées comme maintenant. Je fais souvent des promenades en ville, je visite des lieux que j’avais, apparemment, l’habitude de fréquenter. Les médecins disent que l’environnement ou certaines choses que je connaissais avant peuvent stimuler ma mémoire. Alors tous les jours, je sors de chez moi – enfin chez ma sœur puisqu’elle m’héberge – pour tenter d’avoir des flashs, des illuminations qui pourraient raviver mes souvenirs.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller au parc. Il parait que j’aimais y venir pour courir ou pour prendre l’air. Alors, je me suis assis sur un banc, réfléchissant à beaucoup de choses et observant vaguement les passants qui se promènent, les familles qui organisent des pique-niques, les gens qui promènent leur chien. D’ailleurs, mon regard fut rapidement attiré vers une femme blonde qui tenait cinq chiens en laisse. Oui cinq. J’avais un doute sur la quantité mais après les avoir comptés, il y en avait bien cinq. J’étais surpris sur le coup, comment peut-on volontairement promener autant de chiens d’un seul coup ? Est-ce qu’ils lui appartiennent tous ? Est-ce que c’est le genre de personne à aider ses voisins ou les personnes âgées en sortant leurs chiens ? Dans tous les cas, ça s’annonçait assez mal pour elle. L’un des petits chiens avait décidé de ne plus suivre la troupe et d’en faire qu’à sa tête. Et ce qui devait arriver, arriva, elle était emmêlée.

Témoin du spectacle, je ne pouvais pas la laisser dans cette galère. Elle ne pouvait pas s’en dépêtrer toute seule. Alors je me levais et m’approchais doucement. Je n’avais pas envie de me faire mordre, il ne manquerait plus que ça. « Vous avez l’air embêté là. » D’abord analyser la situation, c’est le petit qui a foutu la merde, c’est donc sa laisse qu’il va falloir démêler. Les autres n’ont pas l’air de trop bouger ni de se montrer agressif face à ma présence. Donc, ça devrait aller, au pire, ils me grogneront dessus. J’ai survécu à un accident de voiture, je peux gérer face à une potentielle morsure de chien. « Je vais vous aider, ne bougez pas. » Je m’agenouillais devant elle pour attraper la laisse du petit chien à la base de son collier. Comme je ne sais pas dans quelle main elle tient le bout, on va partir du bas. Le chien étant plutôt petit et pas trop dangereux à première vue, je le prenais dans mes bras et lui décrochais la laisse de son collier. Ayant le bout en main je le déroulais comme je pouvais lui retirais d’autour de ses jambes. D’une main ce n’est pas très pratique mais je fais ce que je peux. Tant bien que mal, j’avais réussi à la démêler et la laisse finissait par pendre par terre. Mon travail accompli je me remettais debout, le chien toujours dans les bras. « Vous promenez toujours autant de chiens d’un seul coup ? C’est… Sportif comme façon de faire. » Je lui adressais un sourire, fier de lui être venu en aide.

crackle bones