Maya S. Weedle
Parlez-nous un peu de vous, Maya …Je ne suis pas du genre à me dévoiler facilement. J'aime garder ma vie privée « privée ». Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
Votre histoire, tout simplement. Qui vous êtes, d'où vous venez, pourquoi vous êtes ici.Je suis née à Barcelone, le 1er Avril 1986, d'un père australien et d'une mère espagnole. Je suis l'aînée d'une fratrie de trois enfants, bien que nous ayons une petite particularité dans cette famille. Mon frère, Adrian, et moi-même sommes jumeaux. Et il y a aussi Aya, notre petite sœur, née en 1991 (Pause) Nous avons grandi à Barcelone jusqu'au début de notre adolescence.
On m'a dit que vous aviez subi une terrible épreuve à ce moment-là. Vous voulez nous en parler.C'est quelque chose qui m'est encore difficile à évoquer, encore aujourd'hui. Mais honnêtement, je ne serai pas celle que je suis sans cette partie de ma vie. (Pause) J'ai perdu ma mère quand j'avais 12 ans. C'était en 1998. Accident de la route. Camion contre voiture. L'épreuve la plus terrible de ma vie.
A ce moment-là, vous vous êtes dit quoi ?Que la vie ne valait pas la peine d'être vécue. C'était le pilier de la famille et on nous l'a pris. J'aimerai tellement qu'elle voit ce que nous sommes devenus.
On dit que vous étiez très proche d'elle.Très proche. Aucune personne n'a réussi à comprendre ce lien fort et inébranlable que nous avions. Elle m'a tellement apportée, tellement appris. C'est grâce à elle si j'en suis là.
Comment ça ?Elle m'a initié, tout comme Adrian, aux nouvelles technologies. C'était quelque chose qui l'intéressait beaucoup. (Réfléchit) Aussi loin que je me souvienne, elle bricolait un ordinateur ou un téléphone portable. Tout ce qui ressemblait à un gadget finissait dans ses mains. J'ai tout de suite accroché et depuis cela ne m'a pas lâché.
Après ça, vous avez quitté Barcelone. Vous êtes allés où ?On a fini par déposer nos bagages à Canberra, ville natale de mon père. On a ainsi rencontré notre famille paternelle. C'était un nouveau point de départ, un challenge à relever. Apprivoiser ce changement – aussi définitif et difficile soit-il – et se reconstruire. J'ai mis quelques mois avant de sortir la tête de l'eau. Je me suis emmurée dans le bricolage technologique. C'était la seule chose qui me maintenait en vie.
Aujourd'hui, vous en êtes où ?Ça va beaucoup mieux, même si cela reste difficile. Je suis passée par la thérapie pour essayer de m'en sortir. Après quelques séances, je ressentais déjà les effets bénéfiques. Suite à ça, j'ai poursuivi mes études tranquillement. Mon diplôme en poche – certes, avec une année de retard – j'ai entamé des études de chef de projet web. J'ai fini major de promotion. Je le devais à ma mère.
Pourquoi ?Parce que, au fond de moi, je me sens coupable de la mort de ma mère. C'est à cause de moi si elle était en voiture ce jour-là. Si je ne lui avais pas demandé d'aller faire des courses, elle serait encore là.
Pourtant, le « vrai » coupable a été jugé et écroué.Oui, il était sous l'emprise de l'alcool. Il a été condamné à un an de prison. Encore maintenant, je trouve la sentence trop légère pour la perte que l'on a eu.
Je comprend. Après votre diplôme, vous avez directement créé votre entreprise. Vous n'aviez pas envie de faire vos armes avant de vous lancer ?Pas vraiment. J'avais déjà une idée d'entreprise et comment la gérer depuis la fin du lycée. Et quand on voit où j'en suis avec ma boîte, je crois que j'ai fait le bon choix.
Et côté vie privée ?Je ne répondrais pas à cette question. (Sourire)